Le phénomène du chômage et du sous-emploi a pris une ampleur considérable avec les longues crises sociopolitiques qui fragilisent le continent africain.
Pourquoi les gouvernements africains semblent incapables de générer des emplois pour leurs millions de jeunes qui sont alors obligés d’entreprendre de dangereux parcours migratoires à la recherche d’une vie meilleure ?

D’abord c’est à cause des modèles économiques inadaptés. Ajouté à cela, les pays du continent privent les jeunes de ressources à travers la corruption et des investissements. D’importants dispositifs de police et militaires souvent déployés pour réprimer les jeunes dissidents. Aussi, des leaders malhonnêtes complotent avec les pays de l’Ouest pour piller les ressources de l’Afrique et développer encore l’Europe. Alors… qu’est-ce qui dissuaderait ces jeunes de suivre les ressources volées de l’Afrique.

Au Togo, Il est difficile d’avoir une idée précise du taux de chômage et de sous-emploi . Les études sont rares. Mais selon l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED) la situation de sous-emploi massive, touche particulièrement la tranche des 15-34 ans (révolus), lesquels représentent 35 % de la population. Le phénomène de sous-emploi a augmenté, passant de 22,8 % en 2011 à 24,9 % en 2015.

Les jeunes sont de plus en plus victimes de marginalisation et d’exclusion sur le marché de l’emploi en raison de :
   –l’héritage colonial de bureautisation de l’emploi au détriment de la culture de l’entreprenariat ou d’initiatives privées d’autopromotion et de prise en charge ;
  –l’inadéquation entre la formation et l’emploi d’où l’inadaptation des profils des jeunes diplômés aux besoins du marché de l’emploi ;
  – la faible offre d’emploi dans le secteur formel ;
  –le caractère inadapté des mécanismes de financement de l’entreprenariat et un secteur privé peu développé.

Les demandeurs d’emploi issus des zones modestes supportent mal le chômage. Dans ces milieux, être titulaire d’un emploi est un signe de réussite, d’avenir prometteur et une source de respect ; il est donc très compréhensible que le chômage soit très appréhendé au niveau de cette classe sociale. Le manque d’activités annexes dans ces zones se révèle être un facteur aggravant car les chômeurs n’ont pas de ressources pour faire évoluer leurs compétences. L’on voit dans le chômage souvent un sentiment de rejet de la société. Le moral du jeune baisse surtout lorsqu’il confirme sa situation de chômeur dans les services d’aide à l’emploi.

Ce que l’on oublie, la plupart du temps, c’est de reconnaître que certaines des causes profondes de la migration vers l’Ouest pourraient être la conséquence de politiques socio-économiques structurelles dictee souvent par la FMI ou la Banque Mondiale et des mesures politiques mises en avant et renforcées par certains pays européens, qui analysent la migration africaine uniquement sous l’aspect « problématique » menaçant le « bien-être et la sécurité » de l’Europe. C’est évidemment une conception facile du phenomene migratoire. Tout comme il serait naïf d’affirmer que les problèmes qui poussent les africains à quitter leurs pays pour l’Ouest sont uniquement dus à l’ingérence étrangère. Les Africains et leurs dirigeants participent largement au départ des fils et filles de l’Afrique vers le chemin de l’exil.

Beaucoup de législateurs, spécialement en Europe, évitent de s’attaquer aux causes profondes de la migration, parmi lesquelles le chômage des jeunes, l’instabilité politique et les régimes dictatoriaux (qui pourraient recevoir le soutien de pays européens) dans nombre de pays en développement. Nombreux sont les migrants à ne pas quitter leur pays uniquement dans le but de s’installer en Europe ou en Amérique du Nord. Ils le font parce qu’ils sont obligés de partir ou parce qu’ils ne voient aucun futur pour eux et leurs familles dans leurs pays d’origine. Cette absence de futur prometteur est due à différentes causes et, notamment, celles mentionnées ci-dessus.

Que faire

Tout en reconnaissant qu’il n’y a pas une solution unique ni magique pour résoudre le problème du chômage des jeunes, nous pensons que les dirigeants africains doivent prendre le problème par un bout. Ils doivent abandonner les modèles économiques occidentaux qui ne servent pas leurs populations. Ils doivent arrêter de gâcher leurs ressources dans de pseudos activités de « renforcement de la défense » pour les dépenser dans des secteurs vitaux comme la santé, l’éducation, l’agriculture, l’industrie et le logement.

Les dirigeants du continent doivent également stopper leur connivence avec les pays occidentaux qui favorise le pillage des richesses de l’Afrique. Les pays occidentaux ne doivent plus soutenir les dictateurs africains qui sont au pouvoir uniquement dans le but de servir leurs intérêts personnels et ceux de leurs partenaires financiers occidentaux car s’ils continuent dans cette optique, certes, ils arriveront à fermer certains couloirs migratoires mais d’autres s’ouvriront à des endroits où on s’attendait peu.

En d’autres termes, les jeunes africains devraient être ceux qui créent leurs propres emplois, ceux qui sont capables de dire « non » aux dirigeants de leurs pays qui sont incompétents et ne veulent pas investir les ressources africaines dans les secteurs vitaux mentionnés ci-dessus. Donc repenser l’école en tenant compte des réalités africaines, de l’histoire, adapter l’école aux mécanismes de l’entreprenariat, de l’initiative privée.

Les citoyens lambda en Europe, en Afrique, en Amérique du Nord et dans le reste du monde devraient dire « non » à nos dirigeants et à leurs entreprises partenaires afin que le 21ème siècle soit un siècle pour l’humanité et non pour les multinationales. Un modèle économique qui fait de l’humanité sa priorité est le seul qui puisse survivre à l’épreuve du temps. Ce modèle économique est ce dont l’Afrique a besoin pour être en mesure d’employer sa jeunesse. C’est ce dont l’humanité a besoin.